Lecornu, Sarkozy, le Louvre:
Du Triple A à la Triple Honte
Le mois d’octobre s’achève dans la grisaille et la morosité ambiante.
Rarement notre pays n’aura subi une triple humiliation en l’espace d’aussi peu de temps.
Entre les errances d’un gouvernement fantôme, un vol inexplicable dans le plus célèbre musée du monde, et un ancien Président envoyé au gnouf, la France coche décidément toutes les cases.
La perte du Triple A, et le gain d’une Triple Honte, en mondovision.
On est passé de AAA à «Ha ha ha!», tels les puissants de la planète s’esclaffant sur le triste destin du pays. On connaissait la rosée du matin, on est aujourd’hui la risée du monde.

Le gouvernement LecorNUL
Certes, les mauvaises langues diront qu’il y a bien longtemps que la France a perdu la meilleure des notes des agences de notation (2012), et que le «Président Jupitérien» n’y est pour rien, mais le phénomène s’amplifie et prend une tournure inquiétante. Le conducteur fou donne de grands coups de volant à droite, à gauche, et les passagers de l’autocar - pauvres Français - voient le précipice se rapprocher.
Macron accélère et les agences rétrogradent.
«En même temps», on a confié les manettes du pays à un type qui appelait sa grand-mère Manette.
Le problème, c’est qu’avec Macron devant sa console, le joystick ne tient pas droit, et le pays va à vau-l’eau.
«C’est ma dernière cartouche» déclarait le locataire de l’Élysée à la fin de l’été, à propos de la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon.
Une cartouche remplit une triple fonction: quand il s’agit de clopes, elle se fume, quand elle est dans un vieux fusil, elle se tire, et quand on la prend au mauvais endroit, elle fait mal.
Tout le problème vient de là: on nous enfume, et on prend cher.
La position démissionnaire n’a jamais été la favorite du natif d’Amiens, ce qui explique la reconduction du «moine soldat». Séb, c’est bien. Lecornu bis — le biscornu(@Volatile)? — c’est mieux.
On imagine Emmanuel convoquer Lecornu pour lui annoncer l’heureuse nouvelle, les yeux dans les yeux: «J’aimerais rester fidèle à ton ton.»
Fidèle à Tonton — comme la mère de Mazarine Pingeot — le chef de l’État gère.
Attention à ce que la France, elle, ne se casse pas la figure.
Bruno a décroché. Retailleau ne répond plus. Bruno, l’autre – Le Maire, alias Nono le renflement brun – aura mis tout le monde d’accord et ligué toutes les opinions contre lui.
Ce n’est plus La Fugue américaine, c’est la Fugue gouvernementale, et c’est là aussi un bien vilain roman national. Que ses fans se rassurent: Nono reviendra. C’est comme le sparadrap du capitaine Haddock, on ne s’en débarrasse pas aussi facilement.
Un pitoyable spectacle offert par la classe politique où la seule séquence amusante, hélas à nos dépens, est signée Donald Trump.
Souvenons-nous avec une pointe d’émotion de cette humiliation infligée à notre Président - et à travers lui notre pays – à la mi-octobre, lors du sommet pour la paix à Gaza.
Donald Trump le tance, devant les dirigeants du monde, d’un cinglant: «I can’t believe it, you’re taking a low-key approach today.»
Littéralement: «Je n’en reviens pas que tu sois resté discret aujourd’hui.»
Les autres rient, Macron rosit — Varte et Jean-Marc Thibaut.
Car le chef de l’Etat, ça commence à se voir, aime se montrer et être vu. Se mettre en avant, c’est son truc à Manu.
La bromance entre les deux hommes, que les journalistes évoquaient encore à leurs débuts, semble bien loin.

« Avec mon Lagavulin à la main, j’ai peur de rien », aurait pu chantonner Emmanuel dans les couloirs de l’Élysée, sur l’air de Jean-Jacques Goldman.
Le Lagavulin, pour ceux qui ne connaissent pas, c’est un whisky écossais aussi tourbé que son ego – qu’il partage volontiers avec les visiteurs du dimanche (d’après Le Monde, 18 décembre 2024, je n’invente rien).
«Juste un doigt ? »
— «Vous voulez pas un whisky d’abord ? » (La Cité de la peur, évidemment).
« Je marche seul, sans témoin, sans personne. »
Il nous avait déjà fait le coup le soir de son élection, devant la Pyramide du Louvre.
Il a remis ça sur les quais de Seine, groggy, tel un boxeur K.O. debout.
Le LOUVRE et un EX à la Santé: Paris ville lumière (sauf pour Sarkozy)
Le Louvre justement, parlons-en. Le vol des joyaux de la couronne, par des malfrats déguisés en gilets jaunes le dimanche 19 octobre, s’inscrit dans la continuité d’une dégringolade qui semble inarrêtable. Décidément, les gilets jaunes et Macron, c’est une longue histoire.
Personne n’a rien vu, pas de caméras, des arrestations mais des bijoux qui restent introuvables.
Aucun témoin, hormis les œuvres d’art, qu’on imagine discuter, horrifiées.
— «De quoi perdre la tête!»
— «Les bras m’en tombent!»
Voilà ce qui advient lorsqu’Aphrodite s’entretient avec la Victoire de Samothrace à propos de la Défaite - une fois encore - de la France.
Georges Clooney et sa bande d’Ocean’s Eleven n’ont qu’à bien se tenir: en France, on fait mieux.
Le «casse du siècle» avec un gilet jaune et un chariot élévateur. On a la classe, ou on ne l’a pas.

Quant à Nicolas Sarkozy, il est donc entré par la petite porte de la prison de la Santé le mardi 21 octobre, passant ce soir-là sa première nuit en cellule. Une certaine gauche exulte, la droite tire la gueule et crie au scandale. La nuance, elle, comme souvent, est partie se faire voir ailleurs.
Sarko est incarcéré. Incar c’est quoi? Serré? Dans une boîte à sardines avec une «bande de racailles»? Non, pensez-vous donc. Il a droit au traitement de faveur des «VIP» Very Important Pipole, à savoir, à l’isolement, dans un quartier très sensible. Tellement un traitement de faveur que dès sa première nuit en prison, l’Ex a été menacé par les codétenus qui l’ont invectivé à coups de: «On va venger Kadhafi! ».
Sympa, l’ambiance.
En revanche, «la prison reste la prison», comme l’a justement rappelé Pierre Botton, ancien détenu qui sait de quoi il parle, et qui a révélé que le mari de Carla Bruni aurait pu subir lui aussi une palpation avec fouille très intégrale, pour vérifier s’il ne cache pas des choses dangereuses, jusqu’au fondement de la Ve République.
Enfin, si Sarkozy ne représente pas «un danger pour la société», il sera un jour libéré. Comme dirait les ancêtres de Nagy-Bocsa…Hongrois rêver!

C’est Nicolas qui paie, Emmanuel qui fait n’importe quoi, et ce sont tous les Français qui trinquent.
Tous les maux qui plombent le pays auraient-ils la même origine?
Les affreux qui nous gouvernent, les voleurs du Louvre, ou la qualification retenue par «les juges rouges» contre Nicolas Sarkozy, tout revient à ces trois mêmes mots: «association de malfaiteurs».
Tout le monde n’a pas la prétention de regarder en face ses propres ténèbres. Balkany en sait quelque chose.
Un ancien Président à l’ombre, un actuel dans la lumière, tel Néron excité par l’incendie de Rome, et aveuglé par le feu qu’il a lui-même allumé.
Comme l’écrivait le psychiatre suisse Carl Gustav Jung: «On ne peut voir la lumière sans l’ombre, on ne peut percevoir le silence sans bruit, on ne peut atteindre la sagesse sans la folie.»
Encore faudrait-il qu’il reste une lueur au pays des Lumières, de la quiétude au sein du tumulte politique, et un sain d’esprit pour piloter ce qui reste de l’Hexagone.